vendredi 18 mai 2012

L'idée c'était de faire un ptit billet kioute sur le thème de la Fête des Mères, pis là,,,,, bin j'ai perdu le controle...

Ma mère in pus là,depuis le 12 avril 2002, en fait le 12 avril 2002 intait déjà pus là depuis kek semaines, mais ce jour là ça s'est officialisé.

Parlant d'officialisation, la question qui tue,,,,,,
Au faitte, in morte de quoi ta mére ???
La réponse qui me brûle dans ce temps là, et que j'ai toujours réprimé;
Ça change koi pour toué ça câlisse?

Sérieux, je trouve que comme société et bien sûr individuellemnent on réprime trop, beaucoup trop ce qu'on voudrait dire, ce qu'on devrait dire.
C'est connu, au Québec on est fins, on est polis, on veut sauvegarder c't'image, de peuple sans histoire, sans heurts, qui a jamais une couette qui dépasse, qui cherche pas la chicane, le peuple le mieux peigné de la planète.
Ça finit par donner qu'un bon matin, un gars que t'as toujours connu tranquille que t'as toujours connu  à sa place, tu lui demande innocemment " Ça va ?" pis y te pète une méga-coche genre;
"Tu veux tu vraiment le savoir comment je vas ou tu fais juss dire ça de même, tu t'en crisse de comment je vas faque demande mouè lé pas pis mèle toué de tes câlisse d'affaire".

Moi entéka je dirais overdose de morphine, mais je l'dirai pas pass ki on été vraiment bin bin fin à l'hopital, pis tu me crois si tu veux, c'est elle qui l'avait demandé, pas tout à faite de même, mais cé ça qu'a voulait, je le sais, la dessus je peux pas me tromper.

Un beau matin le téléphone.
Monsieur, faudrait qu'on se parle de madame votre mère.
Ouain OK parlons, en fait parlez.
Bon, savez, le coeur,,,pas fort fort, les poumons, de l'eau, on draine, ça revient, ça tourne un peu en rond, pas vraiment de chances ksa s'améliore, long terme, institutionalisation, comment long, dûr à dire, l'avenir ,,,,, incertain,,,,,
Marci bin pour le sommaire, maintenant vous, vous proposez quoi ?
Euhh,,,,(jamais été bon pour illustrer le silence, imagine 7 ou 8 secondes), le plan de traitement,,,,,donne pas trop de résultat,,,,,sincèrement j'me souviens pas trop comment elle a twisté ça,,,,,mais le mot a fini par tomber sur la tapis,,,,,pas débrancher non, de toute façon elle était pas branchée, quoique, à voir défiler les inhalos, 10/12 fois par jour, c'était sûrement à l'agenda,,,,,plûtot arrêt de traitement,,,,,

Arrêt de traitement t'imagine,,,,,essaye juss une minute,,,,juss une minute, je t'apelle et je te propose ça, arrêt de traitement, peut tu imaginer le poids qu'on te dépose, sur les épaules, sur le coeur, sur la conscience ?
Après dix ans les mots tournoillent dans ma mémoire, un peu flous, un peu fous.
Par contre, ce jour là, c'était limpide, d'une limpidité aveuglante, étourdissante, angoissante.

J'ai des doutes que je rende bien le contexte, je voudrais pas avoir l'air de blâmer le personel hospitalier, les tites gardes, les toubibs, les préposés, les désinfecteurs qui se pointaient inlassablement plusieurs fois par jour, je voudrais pas que ça sonne comme ça, simplement parcequ'y sont pas à blâmer, pas du tout.

"Peut-être voudriez-vous en discuter avec votre famille ?
On a pas besoin d'une réponse tout de suite."
J'ai un frère, une soeur, un neveu très proche de mes parents, ils l'ont pratiquement élevé, un autre neveu, une nièce qui vivent tous à plusieurs heures de route.

Je jugeais la tâche titanesque, bien sûr j'y avait déjà songé, on avait effleuré la question avec la famille, je conaissais aussi les (dernières) volontés de ma mère, les ayant accompagnés (mes parents) chez le notaire quelques années auparavent, pour régler ces trucs là, procurations, mandats, testaments.
"Et à elle, vous en avez parlé ? demandai-je"
Euhh, autre silence, pas vraiment.
"Consideriez vous son opinion valide malgré qu'elle soit faible et pas mal gelée sur les meds ?"
"Assurément, elle a de bons épisodes de lucidité, avec la présence de la travailleuse sociale qui la suit depuis le début, cette décision pourrait être la sienne."
"C'est ça, vous me tiendrez au courrant" clic.

Faut dire une couple de choses ici.
D'abord elle avait signé, exigé même de signer le waver de pas d'acharnement thérapeutique, en latin
"Do not ressucitate", et ce dès son admission, deux mois plus tôt, pour une pneumonie, à 81 ans, ce dernier détails est d'une grande importance, car statistiquement, tes chances de survie et surtout tes chances de retour à une vie normale avec un minimum de qualité sont très très très minces.

Aussi moins d'un mois plus tôt, son homme, mon père, avec qui elle vivait un amour doux, fusionnel, sans nuages depuis 57 ans, l'avait précédé de l'autre côté, ou comme on dit en language juridique, il l'avait prédécédé, à ce stade ci, on peut parler d'un choc, majeur le choc.
Elle avait encaissé plusieurs coups durs au cours de sa vie,surtout des coups de scalpel, en était-ce un de trop ?
Sais pas, et j'ne saurai jamais.

Me semble qui aurait des échanges extraordinaire à avoir avec une personne qui regarde la mort dans la face.
Je croyais pouvoir vivre ça.
Bien sûr je savais pas comment aborder le sujet, je me fiais à mon instinct, j'étais sûr de trouver l'ouverture.
Je me trompais.

Tu connais l'expression consacrée pour dire "Elle va cramer doucement dans quelques jours"?
J'ai entendu ça deux fois dans ma vie, au printemps 2002, "On va la (le) rendre confortable"

Ça faisait deux mois que je me demandais comment et surtout quand tout ça allait se terminer, j'était fixé.
Imprévu au programme toutefois, le pére nous quittais un mois avant, ce sera le sujet d'un autre billet.

Les deux mois de son hospitalisation, j'ai passé beaucoup de temps avec elle, j'aimais ça être seule avec elle.

On peut dire qu'elle a été bien entourée, sa soeur et ses frères encore vivants, les voisins, les amis, c'est fou ce qu'il y a du monde de cet âge là dans les hopitaux, visitaient régulièrement, de sorte que, quand il y avait pas mal de monde, j'en profitait pour m'éclipser.

J'étais là quand elle a demandé sa première shot de morphine, elle a pesé sul piton, une infirmière est arrivée, sachant vraisemblablement ce qu'elle avait à faire, aucun mots ne s'est échangé.
Je n'ai plus entendu le son de sa voix après ça, d'ailleurs plus personne n'a entendu le son de sa voix.

Je n'était pas là cinq jours plus tard quand elle s'est éteinte pour de bon.
Je ne tenais pas à y être.
On m'a appelé ce jour là, tôt le matin, on m'a demandé si je voulais la voir, la voir avant "qu'on la descende en bas".
Non merci, je sais qu'elle est morte, pas besoin.

J'ai honnêtement aucune culpabilité face à ça, mais j'ai senti à ce moment là que je commettais un impair, une entaille à une espèce de tradition, que je m'expliquais pas, que je m'explique toujours pas.
Veiller un mourant, ça se fait tu encore ça ?
Et si oui, pourquoi ?
Surtout si yé gelé tight sur la morphine ?

Un cousin m'a raconté qui avaient fait ça eux autres, au décès de son père, les neuf enfants ainsi que son épouse, le mon oncle y était à peu près dans la même condition que mon père, végétatif et sous morphine, donc pus là pantoute pantoute, les deux pieds l'autre bord, y ont passé quatre jours à attendre LE moment.
Quand je lui ai demandé pourquoi, y a pas pu me répondre, y savait pas plusse que moi.



La Fête de Dollard 2002, 10 heures du mat, dans mes mains l'urne contenant les cendres de mon père, ma tante Yvonne elle, a celles de ma mère, sa soeur.
Le temps est à chier.
Pas étonant que seulement deux endeuillés, ma tante et moi, se soient présentés pour cette lugubre comédie.
Y doit faire 4 ou 5 degrés celsius, pas plus.
Le crachin est presque horizontal tant le nordet  balaye férocement le beau et grand jardin ou on se trouve.
Beau et grand le jardin mais tout de même étrange, beaucoup de ses fleurs sont en plastique, on y plante nos plus intenses et nos plus intimes  souvenirs, il y pousse des carrés de pierre, noirs, froids, silencieux.

Le curé.

La cassette murmurée sur ce ton monocorde qu'il imagine sûrement de circonstance.
,,,,,,,,espoir,,,,,,rédemption,,,,,,lumière,,,,,,éternité,,,,,,

La sincérité feinte, celle qui me dégueule le plus, la sincérité de funéraria, le faux décorum, le cirque.
Je réprime encore une fois, être fin, être poli, être mouton, être bin peigné.

J'envie les fous, je sais que ça se dit pus, les fous, mais je sais que tu sais ce que je veux dire.
Z'ont balancé tous les filtres.

Nous les sains d'esprit (ouaff, tirée par les cheveux celle-là) on jette pas les filtres, on les endure, on s'y soumet, on s'y sacrifie,  même s'ils s'encrassent et nous encrassent, nous, on s'encrasse et on s'en crisse.

C'est ou qu'on s'inscrit pour être fou ?

On recommence pour le fonne, et là je suis dépeigné, je suis (enfin) fou.

Le curé.

La cassette.

J'échange avec Yvonne; "On va enfin en finir avec cette histoire."
Yvonne;"Ouain, le printemps a été assez dur."
Moi;"Vous le dites, l'hôpital, les funérailles, les histoires légales de succession, de testament et tout ça, chuis bin content que c'te partie là, soit finie."

Là le vieux curé s'invite dans la conversation;"Mais non mon fils, la mort n'est pas une fin, au contraire c'est un commencement, le commencement d'une nouvelle vie, la vie éternelle auprès de,,,,,"
Je lui laisse pas finir sa phrase.

Moi,(souviens toi, je suis fou maintenant);"Quoi? mon fils, mon fils, tu voies tu la cruche que je sers contre mon coeur, han t'as voies tu ? Dedans y a les cendres de mon père, MON PÈRE, le seul père que j'ai eu, pis mon père avec ma mère, on est icitte pour les crisser dans la terre, pour toujours, fa que ostie appelle moi pas ton fils, pis parle moué pas de vie éternelle, parceque leu vie éternelle à eux, bin in finie, pour toujours, t'as tu compris là, chu pas ton fils, chu son fils, tu y ôteras pas son fils, tu m'ôteras pas mon père, ni ma mère, J'les ai perdu une fois, ç't'assez."

Estie que j'aime ça être fou, estie que ça fait du bien.

Le titre original de ce billet était "Ch'tu un estic de sans-coeur moué là ?"

La rédaction en a été longue, plusieurs jours, plusieurs corrections, et, à mesure que les mots noircissaient l'écran, la réponse à mon questionnement se dévoilait.

Un billet que j'ai eu beaucoup de plaisir à écrire, dont je suis très fier aussi, et qui m'a fait énormément de bien, qui me libère de je sais pas quoi au juste, de kekchose qui trainait depuis 10 ans peut-être.
J'ai été envouté, totalement absorbé par ce projet et, chose très rare, j'ai pas versé une seule larme tout le long de la rédaction.

Pas une larme jusqu'à ce que je décide d'y ajouter de la musique.

"Mman, je sais que cette toune, vous la préfériez chantée par Georges Guétary, je me souviens comment elle vous faisait fondre, comment vous rougissiez de plaisir et peut-être un peu de désir, quand elle passait à la radio, pour cette fois laissons Aznavour vous faire rougir. Venez on va danser, venez danser avec moi, comme au 50 ème."


En retard Bonne Fête de Mères à toutes, et,,,,,, bonne Fête de Dollard.

Yuan

vendredi 4 mai 2012

Beubé, arrête de bouffer mes bottines !!!

Kess ky a bin pu arriver à c'te babouche là ?


HUUUUUUUMMMMMMMMMMM,,,,,

PEUT-ÊTRE,,,,,
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     MiaouYuan

P.S. oui j'ai acheté mes Crocs pour cet été, les couleurs disponibles étant  solidement laxatives, je les ai pris noirs, pis y sont "Made in Mexico"    :o(

Demain,,,,,


Vieillir c'est,,,quand  l'avenir, c'est de plus en plus pour bientôt et de plus en plus bref.

Yuan