jeudi 18 août 2011

Pourquoi tu pleures, c'est fête aujourd'hui.

A force de me relire,  je me rend compte que je parle beaucoup d'eux.

Dans les billets, quand je comente.

Eux ce sont mes parents, le pére pis la mére.

P'pa pis m'man.

Comprenons nous, quand je parlais à mon père, je disait pas"Eille le pére, passe moi le beurre", je disais "Eh p'pa, me passerais tu le beurre".

Même chose pour ma mère.

Je dis parlais et disais.

Sont pus là.

Depuis 2002.


Il origine de la région de Lanaudière, quelque part dans le triangle St-Lin, L'Assomption, Joliette.


Elle, la rive sud de Québec, Dorchester je crois, peut-être Bellechasse.


Peu avant la guerre, leurs familles se sont retrouvées à deux ou trois kilomètres l'une de l'autre.


L'armistice de 1945 fut signée le 8 mai.


Dans les semaines qui suivirent des centaines voire des milliers de jeunes gens et de jeunes filles se rendent devant le curé de leur paroisse pour demander à celui-ci et à Dieu de bénir leur union.


Amorce,  pour ne pas dire préliminaire au désormais célèbre Baby Boom.


Beau gars, belle fille, le 30 courant, ils font partie du troupeau.


27 mai 1995, sont toujours là, la santé est pas pire, le soleil nous sourit, on devrait avoir du fun.


Trois enfants plus tard, une soeur, un frère et moi.


Notre très sainte mère l'Église a peut-être décelé une certaine paresse au niveau du coup de rein, 3 mioches en 9 années de mariage, bon bin cou donc, c'était pas tellement de ses affaires à notre très sainte mère l'Église à ce moment là, pas plus que ça l'est aujourd'hui.


Ca fait cinq, six mois qu'on prépare cette journée.


Invitations, le point crucial, oublier personne, celle-là, on l'a moffé, traiteur, D.J., local, église, curé, la garde paroisialle, les C de C, kodak full loadés, c'était avant le numérique à 99,95$, d'ailleurs mon cell à l'époque ressemblait à un fer à repasser, pis le petit speech ou pour les matantes "L'Adresse".


Parler en public serait la phobie sociale la plus répandue.


De mon côté, aucun problèmes, hockey, baseball, sport scolaire, radio étudiante, animation, tirages, MC ing en tout genre, j'ai toujours été partant et, humblement, avec un  certain succès.


Mon meilleur public à vie ?


Ma propre famille, aux funérailles de l'oncle Clément.


Sono excellente, avec juste ce qu'il faut d'écho, écho naturelle si vous plait, texte pseudo biblique, rythme lent, public captif, receuilli, attentif.


Un triomphe.


Si le curé avait su, y se serait jamais booké après moi.


Ce jour là, y s'est fait torché solide.


Des cartons, des grands thèmes, des dates, des anecdotes, des clins d'yeux.


J'avais beaucoup jasé avec le pére, la mére, mon frère et ma soeur, pour étoffer.


T'sais moi les cinquantièmes, j'en ai pas beaucoup fréquenté, ainsi je n'avait aucune idée de la durée réglementaire pour ce genre de laïus.


Pas lu la convention.


Pas trouvé la convention.


Je répétais, avec chrono.


Ma cible ?


En vingt minutes on devrait avoir fait le tour.


L'idée de m'exécuter devant la famille, alors que certains ne m'avaient pas revu depuis que j'était gosse, me déstabilisait tout de même un peu.


Jour J.


La Messe, impec.


Le perron de l'église, convivial, agréable.


La séance photo, bien qu'improvisée, géniale, fin mai, la pelouse est bien verte, le soleil radieux, dans les 22 celsius.


La grande majorité des convives dépasse les 75 balais, normal ce sont des contemporains des jubilaires.


Plus de matantes que de mononcles, c'est notoire, les femmes vivent plus longtemps.


Les cinquantièmes sont pénibles pour celles qui ont pas fais le standard.


Gisèle est inconsolable, son Roméo s'est effondré à cinq mois du fil d'arrivée.


Voyons Gigi pense pus à ça, regarde plutôt les héros du jour, y ont l'air tellement heureux.


Comme de fait, la mére resplendissait, elle avait crocheté le pére par une aile en rentrant dans l'église, pis elle l'a jamais laché, comme si elle lui tenais le bras depuis 1945.


Le pére lui, homme modeste et réservé, goûtais la journée avec un plaisir évident, son sourire sincère me réchauffait le coeur.


Pas un poseur le pére, la droiture.


Cet homme là a travaillé tellement dûr, dans des conditions tellement extrêmes, mon admiration est sans limites.


Le souper, à l'avenant, achevais.


Le DJ, un pote, agrémentais la noce de jazz vieillot, de blues, de chansonettes française, de sorte que la compagnie se retrouvait dans cette ambiance vaguement familière.


Avec lui j'avais concocté un punch que je voulais magique, magique il fût.


Subtilement la musique s'allourdit, je le googlerai pas,  je vais te le dire, tu vas reconnaître, les premières mesures du thème de 2001 l'Odyssée de l'Espace, boum, boum ,boum, boum, t'sais veux dire.


C'était mon cue.


Lutrin, projecteur, ayoye mes yeux.


C'est donc bin long cet intro là, ou bin chose a triché, y en est capable, pour se payer ma bouille.


Pas de côté, un peu théatral, je ferme le micro, le regarde, y se bidonne.


Phrase courte, de moi à lui, juss entre moi et lui, comme une caresse; "Gros tabarnac".


Il a saisi.


Intro fade out.


Il avait atteint son but, un "Vos gueules"  vociféré dans le micro ne les aurait pas autant gelés.


Grands yeux, gros sourcils pointés sur moi.


Enweye mon Yuan, sont à toi.


D'abord au nom de mes parents de mon frère de ma soeur et je poursuit la nomenclature bla, bla ,bla, et bla, bla ,bla, des formules banales un peu jazzés un peu personalisées, ah bin Thérèse, vos dentiers sont arrivés à temps, bin content de vous voir, plus Père Gédéon que Stéphane Dion mettons.


Ca fonctionne.


Ca m'encourage.


Anecdotes, souvenir d'enfances, l'arrivée des  petits enfants, on se moque des mononcles au grand plaisir des matantes, ousse que le pére cachait la bière quand Maurice gardait, et comment  Maurice mystifiait Yuan, 3 ans, qui sans révéler la cachette, charroyait les bouteilles tout l'après-midi.


Sur l'erre d'aller,  je prend le contrôle,  fuck le chrono, on s'amuse pis on a du fun, ça rit, ça se tape sur les cuisse.


J'erre en contant une histoire, la mére gentiment me reprend, reraconte en bonne et due forme, assise à sa table d'honneur, sans micro mais très clairement.


Elle enchaine, une histoire à raconter, on l'écoute tous, une bonne histoire qui ne manque pas de nous éclairer sur sa vie avec le pére, son homme.


D'autres en ont à dire, good, prend le crachoir mon Victor.


Le mood a changé.


On dirait qu'on est assis en rond, dans un grand salon, le veston retiré, la cravate slaquée, un tite frette à la main, pis qu'on se conte des histoires, pis tout le monde rit à la fin.


Comme quand j'avais 4 ou 5 ans, les enfants s'assisaient à terre, on écoutais en silence, on écoutais les grands parler, on les regardais rire.


Je m'arrangeais toujours pour voir mon père dans ces occasions là, l'avoir dans mon champ de vision.
Je le trouvais beau. Il était beau aussi.


J'aimais ça le voir. Il travaillait beaucoup. Il partait toute la semaine pour son travail. 
J'était tellement content quand il revenait. 
Je pense que c'est comme ça qu'on apprend les jours de la semaine, mardi,merc,,,,jeudi, vendredi Youppi,aujourd'hui  papa reviens.


Maudits lundi, j'ai toujours haï les lundi.


Quand tu vois que ça s'essouffle, c'est ton rôle de reprendre le contrôle.


Ce qui fut fait, avec fluidité.


On était rendu à mon fameux punch que je voulais magique.


Je termine mon speech en soulignant la chance qu'on a eu d'avoir de si bons parents. 


Mon frère se lève, se dirige vers ma mère, l'aide à se lever et la guide doucement vers la piste de danse.


Ma soeur a fait de même avec mon père.


J'avais choisi pour cette danse la chanson qui me fait brailler à coup sûr.


Maman, Papa, toujours je regreterai de vous avoir fait pleurer.


Votre fils pour toujours.



8 commentaires:

  1. Pour ceux qui croient, tu fais honneur à ce ''Tu honoreras ton père et ta mère.''

    Merci pour ce billet touchant et émotif.

    Marjolaine

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  2. J'aime tout particulièrement ce passage où tu dis que dans les réunions de famille, tu t'arrangeais pour voir ton père. Que c'est grâce au fait qu'il partait les semaines entières que tu as appris les jours de la semaine. Touchant et si bien dit.

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  3. @ Michèle
    Je me suis assis pour jeter sur l'écran quelques idées pour la chanson qui me fait brailler à coup sûr.
    Quand je me suis relevé, le billet était sur le net.
    Entre les deux actions, la brume, la confusion totale.
    Je devais l'avoir en dedans de moi, ce billet.
    Il me suppliait de le laisser sortir.
    Tangente imprévue.
    Le salon avec mon père et mes oncles, c'est pas simplement de la mémoire, c'est un véritable flashback.
    J'y était, je pourrais te les nommer tous.
    Les brassards portés en haut du coude pour retenir les manches de chemises, les boutons de manchette, les épingles à cravate, les paquets d'Export"A" visibles à travers le mince tissus des poches de chemise, le rasage
    dominical, la coiffure impeccable, l'odeur du Old Spice, les sourires, tout le monde souriait.
    Ça don l'air facile le bonheur quand t'as 4 ou 5 ans.
    J'y étais, jte jure j'y était

    @ Marjolaine
    :o)

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  4. Un bel hommage que tu rends à tes parents. Les miens, ils travaillaient et n'étaient pas tellement démonstratifs pour montrer leur amour pour moi et mon jeune frère.

    Mais je sais qu'ils nous aimaient à leur façon et je l'ai compris malheureusement un peu tard. Ce n'était pas la famille Ingalls (La petite maison dans la prairie) mais on était heureux.

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  5. @ Le monde selon Jeff
    Je suis pas le premier à le dire. Un enfant ça vient pas au monde avec un mode d'emploi.
    Nos parents y font leur possible avec les outils qu'ils ont. Faut être indulgents envers eux.
    Les miens y m'en ont pardonné des affaires, des affaires pas faciles à pardonner. J'en dis pas plus.
    @ La Paradoxale
    Le 5 ème membre, Yessss, bienvenue chez toi.

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  6. J'ai ju ton texte et j'en ai pleuré. Pas suelement parce que c'était touchant. J'en ai pleuré aussi de jalousie. Comme j'aimerais avoir une belle histoire comme celle-là à raconter sur mes parents.

    Mes belles histoires de famille, je me les invente, je les raconte, je les mets par écrit afin de combler le vide de ma triste réalité.

    Savoure chaque souvenir avec tendresse. Tu sembles en avoir des tonnes.

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  7. @ Lucille
    La vie, la mienne, la tienne n'est pas faites que de bons moments, il y eut des épreuves aussi.

    Maladies, déceptions, embûches, départs.

    On ne choisit pas sa vie, ses souvenirs, si.

    Heureux de t'accueillir ici.

    Yuan

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  8. @ Lucille, bis
    En passant, j'ai moi aussi une petite activité interractive.

    Voir le billet ; ...Te parler Miouze.

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